"Urne, ovaire du pavot —
et puis les rouges, les légers
pétales qu'arracha le vent ignorant...
Déjà les enfants de l'enfant !
Tous chaque fois surpassés,
chacun pris à part incertain.
Puis le temps avec eux sombre plus loin :
de qui sombre, que reste-t-il ?
Un portrait pâle, des lettres jaunies,
et en qui vit encore, ce que nul ne dépeint.
Cet indicible que nous pleurons infiniment...
Ce n'est pas gazelle ou daim
dans la future bête, revenant, sereins,
tangibles comme avant.
Notre possession est perte. Plus pure, plus hardie,
notre perte, plus "
(Muzot, fin octobre 1924)
Rainer Maria Rilke, Poèmes épars (1907-1926), traduction Philippe Jaccottet, Points Poésie.
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