vendredi 16 décembre 2016

Dernières nouvelles de W.

C'était le soir, je lisais. 

 Un insecte par instants heurtait l’abat-jour, 
 Voletait dans la lumière d'ambre.

  (J’imagine, ici. C’était le soir et je ne pouvais lire.) 

      ❧

Je suivais d’un insecte les évolutions à l’intérieur du cercle de la lampe. Cercle, lampe, immobile autant que possible, lointain, mais quel insecte, devant la mince forêt de signes, quel mouvement d’élytres dans la lumière d’ambre. Texture particulière de l’heure, vespéral périssant, que scanderait parmi les fines ramifications des minuscules le soulèvement des capitales, l'Abrupt, en manifestations inexplicables sur la page, sur la page inexplicable. Dans une immobilité apparente une multiplicité de gestes, dont bruissait toute la forêt de signes, voire sève, ou miel, l'italique dont l’œil recueillerait l’écoulement, en vibrations quasi inscrutables sur la page versée, plus que lente, ralentie, circulation presque à l’arrêt, et cependant 

Ich sage nicht: das war gestern. Mit wertlosem
  Sommergeld in den Taschen liegen wir wieder
auf der Spreu des Hohns, im Herbstmanöver der Zeit.
Und der Fluchtweg nach Süden kommt uns nicht,
wie die Vögeln, zustatten. Vorüber, am abend,
ziehen Fischkutter und Gondeln,und manchmal
trifft mich ein Splitter traumsatten Marmors,
wo ich verwundbar bin, durch Schönheit, im Aug.


je ne disais pas je lisais, je ne lisais pas, lissant, je bruissais, ne bruissant pas, dans sa direction, que ma paume, ouverte seulement pour y prendre appui, de part et d'autre du livre ouvert, dans l’impouvoir, aujourd'hui, la moiteur d’un toucher sur le bois du bureau, de fines goutelettes agglomérées en surface du noir, cela, imitant l’attitude studieuse de l’enfant, autrefois, celui, je m'imaginais lisant, comme lissant sur ma tête inclinée, du doigt un feutre de fin silence, en gestes jamais enseignés, qu’aujourd’hui absorbe pour finir les derniers rites dans une distraction presque invincible, 

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