samedi 25 janvier 2014

Apologie de Donald Evans, 1.

❝  Depuis toujours, un doux entêtement l'inclinait à préférer aux choses leur représentation, et davantage une représentation de leur représentation dans le cadre des timbres qu'il inventait, imitant les vrais timbres, non cependant pour en augmenter inutilement la masse et se procurer l'illusion, constamment déçue et renaissante, d'assujettir l'ingouvernable : pour atteindre à chaque fois, par-delà cette masse ensemble morte et proliférante, l'univers plus réel, plus vivant, que les images lui avaient promis. Et ce qu'il représentait dans ses propres timbres n'était donc pas le monde, mais l'image plausible d'un autre monde presque semblable à celui-ci ; une approche du monde que tout enfant veut et sait voir à travers n'importe lequel de ces interstices qui le fascinent, parce que le vrai monde et son secret se tiennent de l'autre côté. ❞

                     Jacques Réda, Affranchissons-nous, Fata Morgana, 1990, pages 41-42.



     

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