mercredi 19 mai 2010

Le toucher (Claude Royet-Journoud)

"La visibilité se soustrait au spectacle de ses marques sans que l'irreprésentable du corps soit dissimulé. Car le regard se tient à la pointe de ce qui transfigure sa contemplation en toucher. Le poème subtilise sa puissance de sonorité en direction d'une compréhension strictement tactile. Amusique, il travaille à déconstituer le diaphane du sens. Il anatomise la chair du vers, met à nu le principe irréductible de son individuation, réanime ce que l'abstraction n'a pas réussi à refroidir, ce qui reste du meurtre inhérent à la logique des énoncés détournés du corps. Entre le son et la vision se découvrent les marques sensibles, hypomnésiques d'une présence articulée, charnelle : préposition. Non pas une possibilité mais une virtualité, tenue dans l'épaisseur interne de la mémoire."

Michèle Cohen-Halimi, Figuren, Éric Pesty Éditeur, 2009, p. 13.

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