"Épargnez-moi, je vous prie, les notes biographiques, écrivait le poète américain Wallace Stevens au directeur de la revue The Dial en 1922. Je suis un homme de loi et j'habite à Hartford. Mais de tels faits ne sont ni amusants ni révélateurs". Tout au plus pourra-t-on faire remarquer, avec Serge Fauchereau (Lecture de la poésie américaine) que "d'un point de vue littéraire, le seul fait remarquable de cette vie est que tout y arriva relativement tard". En effet, Harmonium, le premier recueil, paraît en 1923, alors que son auteur est âgé de 43 ans. De son côté, Pierre-Yves Pétillon (Histoire de la littérature américaine, 1939-1989) se plaît à établir un parallèle entre le poète et le romancier Henry James : pour l'un comme pour l'autre, suggère-t-il, l'efflorescence tardive de l'oeuvre fut la plus somptueuse. À partir de 1937, Wallace Stevens compose une série de longues méditations qui feront tout simplement de lui un poète majeur de la littérature américaine depuis les origines : Notes toward a Suprem Fiction (1942), The Owl in the Sarcophagus (1947) et An Ordinary Evening in New Haven (1949) dont nous proposons maintenant un extrait :
"Suppose these houses are composed of ourselves,/ So that they become an impalpable town, full of/ Impalpable bells, transparencies of sound,/
Sounding in transparent dwellings of the self,/ Impalpable habitations that seem to move/ In the movement of the colors of the mind,/
The far-fire flowing and the dim-coned bells/ Coming together in a sense in which we are poised,/ Without regard to time or where we are,/
In the perpetual reference, object/ Or the perpetual meditation, point/ Of the enduring, visionary love,/
Obscure, in the colors wheter of the sun/ Or mind, uncertain in the clearest bells,/ The spirit's speeches, the indefinite,/
Confused illuminations and sonorities,/ So much ourselves, we cannot tell apart/ The idea and the bearer-being of the idea."
Wallace Stevens, An Ordinary Evening in New Haven, II, in Collected poetry and prose, The Library of America, p.397-398.
En français, on pourra notamment lire : Harmonium et Avant de quitter la pièce, aux éditions José Corti, ainsi que Idées de l'ordre, à l'Atelier La Feugraie, dans une traduction de Claire Malroux.
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