"Souvent, note encore Philippe Forest, le désastre le plus personnel est nécessaire afin d'ouvrir les yeux au grand cauchemar enveloppant de l'Histoire". Pour Araki, la disparition de son père en 1967, suivie sept ans plus tard par la mort de sa mère, fut l'occasion d'une telle prise de conscience. Entre ces deux dates, en effet, Araki conçoit ses premières séries photographiques sur Hiroshima et Nagasaki. "Les plus frappantes de ces images ont été soumises, explique Forest, à une opération comparable à celle qui consiste à les exposer à un traitement qui les dégrade, qui les corrompt, qui les détruit presque. Ainsi les photographies faites pour Le Chant des Cigales ont-elles été développées en poussant jusqu'au point d'ébullition le bain chimique dans lequel elles étaient trempées et en ne les retirant de celui-ci qu'au moment même où le film allait fondre tout à fait - si bien que l'on croit voir en elles, de l'aveu même du photographe, des images exposées au feu et au rayonnement d'une explosion nucléaire" (Araki enfin, p. 42).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire