Dans un dernier chapitre intitulé Hors Saison de leur anthologie du Poème court japonais d'aujourd'hui (Poésie/ Gallimard), Corinne Atlan et Zéno Bianu composent, mêlant les voix de différents poètes japonais ayant tous ou presque vécu la fracture de Hiroshima, une poignante méditation sur le Japon d'après. Voici quelques fragments détachés de ce discours de la désolation :
Camélias d'hiver/d'un pays vaincu -/ la guerre est perdue (Hino Sôjô)
Pendant un moment/on ne la voyait plus/la terre de mon pays détruit. (Watanabe Hakusen)
Dressée/ contre un ciel impassible/ la couronne funéraire noire (Sumtaku Kenshin)
Les oiseaux vagabonds/traversent une terre/noire (Shôno Takeshi)
Pas un souffle/si ce n'est celui des vipères/en hibernation (Kaneko Tôta)
La ville au bout du "Courant noir" -/manifestation anonyme/dans le calme (Sakagushi Gaishi)
Près de la gare/ j'ai trinqué/ avec cette époque aveuglante (Hoshinaga Fumio)
Auprès de ma femme/qui ne peut plus manger ni boire/ j'hiberne (Mori Sumio)
Plus la nuit s'approfondit/plus le charbon/montre ses veines (Nakatsuka Ippekirô)
Course des nuages -/est-ce le bruit du bois mort/ou la crémation de mon père ? (Ôgushi Akira)
Ce bruyant nuage noir, dis-tu, un vol d'étourneaux ?/ l'hiver pourtant le sait/ le ciel ici est sans oiseaux (Kobayashi Miike)
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