samedi 27 juillet 2019

Au pays natal

"Au début de la longue lune, je parviens au pays natal. Face au salon du nord, les hémérocalles ont été, elles aussi, desséchées par le givre et sont mortes et, maintenant, il ne reste même plus ce souvenir de la disparue. Toutes choses diffèrent d'autrefois : ceux qui sont nés du même ventre que moi ont les tempes blanchies, leurs fronts se sont ridés... Ces simples mots Toujours en vie disons-nous seulement et puis plus aucune parole... Mon frère aîné dénoue un sachet d'amulettes : — Tiens, vénère les cheveux de notre mère... Comme ceux du fils d'Urashima après qu'il eut ouvert la cassette offerte par les mains de perles, tes sourcils aussi ont bien grisonnés.
Et nous restons à pleurer un moment :

Si je le prends dans ma main, feront fondre,
Mes larmes, oui, brûlantes, 
Le givre de l'automne..."

[Bashô, Mes os blanchis sur la lande. Notes de voyages (Nozarashi Kikô), trad. Alain Walter, William Blake & Co., 2014]

Aucun commentaire: