dimanche 8 juillet 2018

"eine Stadt als ob"

"La où commence Theresienstadt, commence le mensonge. Les gens ne peuvent pas se sortir de ce mensonge.    C'est une malédiction, la ville entière repose sur une malédiction.    Le juif n'y a pas vécu, ce n'était pas une vie. Le juif n'y a pas logé, ce n'étaient pas des logements. Il s'est persuadé qu'il y logeait, mais c'était un sac de paille au quatrième étage d'un lit superposé.     Il s'est persuadé qu'il y travaillait, mais il ne travaillait pas. Il s'est persuadé qu'on lui servait du café, mais c'était de l'eau teinte en noir.    On s'est persuadé qu'on avait de la viande, mais il n'y avait pas de viande. Tout était mensonge.    Tout était mensonge, de la tête aux pieds.    Un chanteur de cabaret qui avait de l'esprit a écrit une chanson : "La ville comme si". Inspirée de la célèbre philosophie du "comme si".     La ville comme si ! On fait comme si. "Comme si" café, "comme si" repas, "comme si" travail, on n'a pas mangé, on n'a pas travaillé, rien de tout cela...    Tout était inventé."

                     Benjamin Murmelstein, in Le Dernier des Injustes de Claude Lanzmann, 2013.

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