*****, &c.
C.,
ton atelier :
je me souviens que tu y fabriquais, par gestes méticuleux, précis, de petits
moteurs, mouvements perpétués, mécanique circulaire, machines pour rien. Une
songerie en actes – toi, en souhait, dans le rayonnement, cet enthousiasme
répété.
Retraçant, de
mémoire, un autre parcours, projeté, rai lumineux, je m’aperçois qu’il se
double toujours d’un itinéraire bis,
en exposant, aspiration presque inconsciente ou inclinaison vers l’ouvert. Une
présence conjointe se transporte en parallèle, accompagnement comme un bourdon,
un drone sonore, insecte volant en retrait, en regard, comme on dit sur le bout de la langue ou dans un coin de la tête. Doublement de
la ligne continue du déroulé, la vision se présente doublée, ivresse du va-et-vient
entre les images reçues et données, on pense à l’hôte, Janus biface et duplice, dans le décalage infime qui change
tout l’ordre des choses. Route de la route, lieu du lieu, il s’y trouve
systématiquement emporté dans une aspiration différente, autre et altérée, à
moins que l’acuité s’en trouve développée, par un effet de réfraction curieuse,
volontaire dans cet effort vers notre altérité interne – à moins que ce ne soit
l’image de l’autre – toi comme dans une visée retardée,
échafaudée dans une combinaison d’abstraction et de sensualité de l’œil, objet
de la saisie. Je ne suis pas sûr d’être très clair, et cela te ferait sans
doute sourire – bavardage ramassé,
bégayé, balbutiements.
Il est parfois
difficile d’exprimer son point de vue, lorsque justement il se situe dans la
distance qui nous sépare de deux perceptions ou jugements. Je tâche, du moins,
d’y trouver ma place et d’y préparer la tienne, à défaut de la partager. Une
incompréhension mutuelle s’installe parfois mais redonne sens à une complicité
par vagues, virtualité franche et perpétuelle, je crois, dans l’affection qui
nous lie en micro-communautés.
Regard commun, fléchage
virtuel – c’était peut-être ça, dans l’idée.
Une nuit, nous
avions observé le ciel, dans une campagne presque totalement dépourvue de
nuisances lumineuses. C’était dans la période où nous traversions les Léonides
et pendant de longues minutes, assez inattentif ou bien mal orienté, je ne pus
percevoir aucune étoile filante, alors que tu en voyais plusieurs. Bougonnant,
je t’accusai de mentir, et tu me plaisantas sur cette mauvaise foi. Puis nous
en aperçûmes une au même moment, cette traînée de lumière scellant une réconciliation
dans notre petit jeu un peu théâtral.
C’est ainsi que se constitue le temps précieux
de la connivence, du règlement accepté, reproduit comme un pas de danse, leste
et de biais, dont tu sais si bien jouer, appropriation dans la convergence des
gestes, bras et mains dans une chorégraphie des regards.
Partage des
tâches conventionnel, pour nous y retrouver, cet entre,
te laisser t’y
adonner à ta promenade, suivant le lit des rus, ruisseaux, rivières, etc.
(illisible)
PS : Une orchidée est posée près de
la fenêtre, fleurs un peu obscènes dont la couleur rose et violacée, vive,
tachetée, durable, m’enchante néanmoins, dans l’idée du cycle, qui n’est pas
tout à fait la fatalité résignée du bouquet, traces, dès la coupe, de
poussières.
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