jeudi 7 août 2014

"Châteaux de nuages" (86)



(Ciel et terre et ciel et terre, et ciel – John  Constable[1], de Jacques Roubaud)

    Doubles. Mr. Goodman est  une « sorte d’alter ego romanesque de l’auteur » Jacques Roubaud. Récit et autobiographie. Roman et essai à propos du peintre John Constable. Le deuxième chapitre est construit sur le souvenir de copies du peintre, réalisées par la mère du narrateur. La réminiscence de ces copies,  ce qui se passe entre le narrateur et les paysages nuageux qui s’y dessinent, renvoyant au ciel d’enfance observé dans le premier chapitre, se superposant comme des claques, doubles visuels de l’observation du mouvant et de ce qui est fixé dans l’objet-tableau. Les « deux Constable », celui des « paysages du ciel » (71) et celui des scènes-paysages de la campagne anglaise.
   Perte. Du souvenir. De la mère et des tableaux maternels, que l’on retrouve à la fin – ellipses temporelles qui dessinent un vide, une mouvance de la mémoire. Un mouvement par sauts, un cumul – par touches. 
   « Dans ses Cloud studies, pensa Mr. Goodman, Constable avait peint le futur et le passé du ciel enfermés l’un et l’autre dans un moment unique et composite, celui qu’il lui offrait en surface colorée. » (65) Déplacements de surface, dans la profondeur de ce qui se fait entre le regardeur et la toile, l’exploration comme double, espace entre-deux (le sujet, l’objet – se démultipliant), sans cesse se reconstruisant dans une saisie de l’instant, du nuage : « comment penser l’informe ? » (58)
         


[1] Argol, 2009 (Les Flohic éditeurs, 1997) – dans la même collection, lire aussi Le noir et le bleu – Paul Cézanne d’Hubert Lucot.

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