samedi 8 décembre 2012

Lavish absence

" Si tout est semblable à quelque chose d'autre, aucune similitude prise isolément ne veut plus rien dire. Nous demeurons face à la "pure" analogie, à son geste, plutôt qu'à une analogie spécifique.

          Il n'y a point de repos au royaume des ressemblances. (1)

"Pure" analogie. "Pur" commentaire. Gestes. Comme des embrayeurs ("shifters") ou des signes vides, ils mettent au jour la limite de la signification. D'une manière plus fondamentale que les énoncés sur le silence. Indices plutôt que symboles. Mais vers quoi pointent-ils ?

Gershom Scholem : pour le cabaliste toutes les choses sont corrélées sans fin, chaque chose reflète toutes les autres, avec ce résultat que les symboles ne signifient rien par eux-mêmes, "mais rendent transparent ce qui est au-delà de toute expression." (2)

Ce qu'Edmond Jabès rend transparent n'est pas de l'ordre du numineux. Il y va de la nature de la langue. En la traversant sans cesse, il nous fait prendre conscience de la ligne imaginaire qui sépare le signifiant et le signifié. Ainsi que de la ligne entre le symbole et l'index qui pointe. De sorte qu'aux confins de la signification, c'est la langue qui en vient à s'exposer elle-même.

Peut-être est-ce cela qui est le numineux."

Rosmarie Waldrop, Le Double Miroir (traduction Pierre Lochak), in Portrait(s) d'Edmond Jabès, BNF.
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(1) Le Livre des Questions, Gallimard, collection L'Imaginaire.
(2)Gershom Scholem, Major Trends in Jewish Mysticism, New York, Schocken, 1961.

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