ou bien observer au loin un paysage marécageux, une zone commerciale sur un remblai artificiel, car l’immeuble se situe sur une île en triangle entre deux bras d’une rivière et un canal perpendiculaire, île sans être île, ancien port de constructions navales, pointe dans la rivière, vers un fleuve, vers la mer, comme on afflue
ou bien observer la rivière elle-même, en léger contrebas, qui passe entre les piles d’un ancien pont, entre celles d’un plus récent, sur lequel passe la départementale
aplats d’eau beige, envasée, grisâtre
plaques d’eau, flaques dans l’eau, huileuses
disparaissent à intervalles réguliers
réapparaissent
boucles dans l’eau
courants en boucles
on imagine une topographie subaquatique
un relief dans le lit
qui transmettrait à la surface des formes, jamais complètement inattendues malgré le fluide, le courant, la vitesse
comme on scrute un ciel nuageux, on scrute la surface de l’eau, à ceci près qu’on attend le retour des formes, cherchant une stabilité dans ces méandres changeants
un treillis dans le clapotis
autour des piles se repère le même mouvement, une identité de forme répondant cependant à la saison, à la force du courant, que l’on retrouve à tout endroit du cours, pour peu qu ‘on le fixe suffisamment longtemps, à moins qu’il ne se stabilise qu’à cause de la stabilisation de l’œil, points de repères fabriqués pour l’occasion.
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